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Pluie, grisaille. Nous rattrapons le froid

1 octobre 2015 Porto Belo Où se trouve le bateau?

Date : 24–26 septembre 2015
Position : Porto Belo
Météo : Pluie, grisaille
Jour :16 – 18

Porto Belo est une petite ville portuaire construite autour d'un axe routier. Nous débarquons le temps de donner des nouvelles aux proches. Les familles, les amis savent enfin à quelle sauce nous sommes mangés. Nous sommes soulagés d'avoir pu envoyer un « selfie » de notre bonne mine à maman, contents d'avoir envoyé des bisous à la copine, heureux d'avoir posté quelques photos.

L'île d'en face nous invite à la visiter. Nous allons nous dégourdir les jambes sur un sentier aménagé, découvrir la faune et la flore locale. « Marcher ?! », ça ne fait pas le bonheur de tout le monde… Mais sortir du bateau, changer d'atmosphère, ça fait du bien.


Date : 27 – 29 septembre 2015
Position : Itajai
Météo : Pluie, grisaille. Nous rattrapons le froid
Jour : 19 - 21

Nous sommes remontés sur Itajai car nous devons annoncer aux autorités que l'équipage et le bateau quittent officiellement le territoire brésilien. Notre prochaine étape est donc l'Uruguay, avec éventuellement encore une escale à Rio Grande (Brésil), selon les conditions météo.

La journée du lundi est longue, car ces formalités prennent du temps. Les heures d'attentes défilent. « Comment s'occuper ? », « Combien de temps ça va durer ? ». Le doute, l'agacement, l'ennui sont au rendez-vous. Quelques tensions émergent. La vie de marin nous plonge hors du milieu institutionnel : pas question de discuter, quand il faut agir, il faut agir ; ça bouscule. Quant aux remarques, elles ne sont pas retenues et sont brutes de décoffrage. Il est épatant de voir à quel point les mousses prennent sur eux et trouvent des stratégies pour gérer ces situations : écoute, humour, discussion. De temps en temps la voix s'élève, l'orage passe et la routine se réinstalle.

Les cigarettes sont pour certains une solution pour passer le temps, faire des pauses. Le ravitaillement de cigarettes se fait de plus en plus rare car les escales s'espacent. Une équipe de jeunes se motive à arrêter de fumer. Nous les soutenons dans leur démarche et espérons que ça dure.

Fleur de Passion est opérationnel à repartir vers 17h, du coup nous lèverons l'ancre demain matin à la première heure.


Date : 30 septembre 2015
Position : Fazenda
Météo : Soleil, vent du sud
Jour : 22

Il est six heures du matin et avant de larguer les amarres direction Florianopolis, nous prenons le petit déjeuner. Il est encore juste temps de ranger les dernières affaires séchant sur le pont.

Tout le monde est sur le pont prêt à recevoir les instructions de notre skipper Sébastien. Aujourd'hui, nous reprenons la mer. La journée se présente comme telle : une descente d'Itajai jusqu'à un mouillage (endroit abrité du vent où le bateau peut jeter l'ancre) en face de l'île de Catarina, neuf heures de navigation. Le départ se fait ensemble. Chacun à sa tâche, les uns à libérer le bateau de ses cordages, les autres à remonter le zodiac dans le bateau.

La sortie du port s'effectue à la barre par notre capitaine, avant que le premier quart ne se mette au travail en sortant de la baie. Quelque uns vont se recoucher pour pouvoir être en forme à leur tour. Les quatre « de piquet » commencent la navigation au moteur. Le temps est long et l'heure matinale. Les courageux entament une bonne partie du voyage journalier avant de passer la main aux trois prochains. Le rythme est dur à prendre.

Nous continuons les prélèvements de micro-organismes à des fins de recherche scientifique. Il est question d'analyser l'impact du plastique dans l'environnement marin. Le plastique est un fléau en mer. Il se fabrique par l'être humain, s'utilise et se jette. Une énorme partie se retrouve dans l'eau, à flotter, à s'éroder ; elle est avalé par la faune marine. Nous disposons donc un filet dans l'eau, derrière le bateau afin de capturer une partie de la microscopique vie sous-marine. La manœuvre se répète sous les yeux attentifs de Sébastien.Les gestes sont encore timides mais renforcés de manœuvre en manœuvre. Trente minutes après, il est temps de le sortir de l'eau, le remplir de sel, le vider de son air et le conserver jusqu'à sa prochaine destination : le labo.

Pas le temps de finir que Laurent crie au bout du bateau ! Il a aperçu au loin le jet d'une baleine. Tout le monde se retrouve sur le pont. Pour la plupart, c'est la première occasion d'apercevoir des cétacés. Le spectacle est saisissant, trois baleines viennent proche du bateau. Nous restons en leur compagnie pendant plus d'une heure. Après avoir observé leur nageoire caudale (petit aileron qui se situe sur le dos de la baleine), nous pouvons affirmer qu'il s'agissait du rorqual commun. À taille adulte, celui-ci mesure dans les vingt mètres.

Le vent s'est décidé à forcir juste avant la relève du troisième quart. Les équipiers nous donnent la main pour lever la trinquette et le génois (deux voiles à l'avant). Pour certains, c'est la délivrance ! Le bruit de moteur, ses odeurs ne sont pas très agréables. Pour d'autres, passer d'une vitesse de 7 nœuds (1 nœud = 1,82 km/h) à 3 nœuds déclenche des soupirs car cela rallonge le périple.

Un plein vent de Nord se met à rentrer. Nous décidons de mettre nos deux voiles en ciseaux, c'est-à-dire l'une à tribord et l'autre à bâbord. Il est difficile de les maintenir de la sorte car un déplacement sur la droite ou la gauche, aussi petit soit-il, fait claquer une des voiles sur l'autre bord.

Nous tentons d'entrer dans la baie à la voile, mais le vent n'est pas favorable pour se rapprocher des rochers. Il faut d'abord border (resserrer les voiles), puis affaler. Les bras se mettent à tirer fort sur les écoutes (cordes qui permettent de régler les voiles). Il faut beaucoup de monde pour ranger : il y a les voiles à faire descendre, à attacher.

Une fois le bateau à l'ancre, nous prenons deux petites heures pour aller faire un tour sur la plage.

Le ventre creux, il nous faut préparer à manger : tout d'abord penser à un repas équilibré, ensuite ne pas grignoter pendant sa préparation, puis attendre qu'il mijote pour enfin mettre la table, servir et se régaler. La nourriture est souvent trop colorée au goût de certains car les légumes sont très présents. Les habitudes ne changent pas du jour au lendemain, et ce qu'il y a dans les assiettes est parfois agrémenté de ketchup et mayonnaise. Mais déjà les yeux s'intéressent, les mains s'appliquent à parer et le cerveau enregistre de nouvelles informations : « un fruit de la passion ça ?! Ça se mange ?? Comment ? », « La patate douce… c'est quoi ? »…

La journée était rude, les yeux se ferment rapidement.

L'équipe Brigantine