Islande 1997

Sous le nom d'ISLANDE 97, la première expédition a eu lieu du 16 mai au 7 août 1997, sur 2 voiliers, de Concarneau sur les côtes de France, jusqu'en Islande et retour.


Ont participé à l'expédition, 2 chefs de bord (dont l'un fonctionnant comme chef d'expédition), 2 éducatrices, 3 éducateurs, et 8 jeunes, soit 3 garçons et 1 fille par bateau. Tous les éducateurs et éducatrices étaient aussi navigateurs.

Les jeunes ont été placés par le Service de prévoyance et d'aide sociale du canton de Vaud, par les Services de Protection de la Jeunesse vaudois et genevois, par le Tribunal de la Jeunesse de Genève, par le Tribunal des mineurs du canton de Vaud et par le Service des mineurs du Tessin. Pour ce premier projet les admissions étaient ouvertes aux cantons de la Suisse latine.

L'âge des jeunes avait été fixé entre 15 et 20 ans. Cela dépendait de leur maturité, des besoins et de la motivation à participer à l'expédition. La sélection a été faite par l'équipe des éducateurs et le chef de bord-chef d'expédition, après un entretien avec l'assistant social, l'éducateur du jeune ou le juge des mineurs en charge de la situation, après un entretien avec le jeune lui-même et après un stage de 3 jours avec navigation sur le lac. Le stage a regroupé tout le monde. Sur une quinzaine de demandes, 12 jeunes ont été convoqués pour le stage du 6 au 8 mai, 10 se sont présentés et 8 ont été sélectionnés.

Une expédition de ce genre n'a pas de sens sans une prise en charge avant et un suivi après. Pour ce projet ISLANDE 97, la BRIGANTINE n'a pas pu assurer cette partie hors expédition, par faute de moyens (financier, organisationnel, de réflexion). Les éducateurs ont axé leur travail dans la restitution des informations aux professionnels déjà présents auprès des jeunes. ISLANDE 97 s'adressait à des jeunes qui dépendaient d'un service ou d'une institution avec qui la BRIGANTINE a collaboré.

Ce sont donc les services sociaux, médicaux ou les institutions qui ont proposé des candidats pour lesquels une telle expédition pouvait entrer dans (et favoriser) leur projet de vie ou leur prise en charge éducative à long terme. ISLANDE 97 ne fournissant qu'une prestation à un moment donné comme un maillon dans une chaîne.

Le parcours de l'expédition a été fixé par l'intérêt et par la connaissance que l'équipe des encadrants avait de cette région, mais a aussi été choisi pour son intérêt éducatif plus stimulant que le Sud ; la navigation, la météo y sont plus variées et plus intéressantes, les régions sont très belles et l'attrait touristique est plus grand. Par ailleurs, partir avec deux bateaux de 12 mètres 60 répondait à plusieurs objectifs ; répartir les jeunes en deux équipages restreints permettant notamment de meilleurs contacts et un apprentissage plus performant de la vie à bord et de la navigation, permettre, en cas de difficultés graves au sein d'un équipage, une modification de la composition des deux groupes et avoir une plus grande mobilité et l'accès à des endroits plus adéquats. Ensuite, la présence d'un autre bateau constitue un facteur de sécurité et par ailleurs peut représenter une saine stimulation motivante. Enfin, après chaque étape ça peut être l'occasion de raconter à l'autre comment a été vécue la dernière traversée.

Ainsi, après un faux départ et avec 2 jours de retard, en raison des grèves de la SNCF, toute l'équipe est partie en car le 16 mai pour Concarneau au bord de l'Atlantique.

Après un week-end prolongé d'adaptation, de ravitaillement et de première sortie en mer, les deux bateaux et leurs équipages ont pris le large par la pointe de la Bretagne au large de Brest, la traversée de la Manche et sont arrivés aux îles Scilly, à l'extrême sud/ouest de l'Angleterre le lundi 26 mai. Certains ont eu leur premier mal de mer pendant la traversée de la Manche, mais après une escale de beau temps et les premiers incidents (graffitis sur l'île), ils sont repartis de la Cornouaille pour la traversée sur l'Irlande où ils ont accosté, lors du week-end, à Crookhaven au sud/ouest de l'île. Ils ont ensuite navigué en remontant la côte ouest de l'Irlande.

L'apprentissage de marin se fait en douceur, mais la vie communautaire à bord est difficile : il faut s'adapter les uns aux autres, s'accepter et se plier à la discipline de bord.

Les 2 bateaux nommés "Coelacanthe" et "Loch minet" ont quitté l'Irlande le 8 juin du côté de Galway, et après une traversée mouvementée, de 6 jours, du mal de mer et du mauvais temps, ils ont accosté à Vestmannaeyjar, une petite île au sud/ouest de l'Islande. Les jeunes craignaient la traversée et à l'arrivée en Islande, ils se sont montrés d'autant plus débridés.

L'ambiance et les problèmes sont restés différents d'un bateau à l'autre, mais à Reykjavik, la capitale du pays, tous les jeunes se sont mis d'accord pour faire preuve d'indiscipline. L'étape islandaise a donc été difficile et mouvementée, tant par les conditions de navigation, le temps peu clément et le froid, qu'à cause des problèmes de comportement des jeunes, de discipline et d'incidents. Complètement démotivés, refusant toute collaboration pour l'un et ayant un comportement imprévisible "à risques" pour l'autre, 2 garçons ont quitté l'expédition pour rejoindre la Suisse le 28 juin pendant que l'expédition contournait l'Islande par le nord. Ils ont quand même tenu 1 mois et demi dans des conditions très difficiles et, même raccourcie, l'expédition leur a certainement apporté beaucoup.

Continuellement stressée par les problèmes à résoudre sur tous les plans, éducatif, de comportement, de navigation, de météo, de réparations des bateaux et d'avitaillement, c'est une équipe d'encadrants fatiguée, mais déterminée qui est arrivée à Seydisfjördur, à l'est de l'île le 3 juillet pour leur dernière escale Islandaise. "Loch minet" avait quand même fait un long bord jusqu'à la banquise !

Après des réparations et un peu de repos pour les équipages, les bateaux sont repartis pour les îles Féroé, archipel brassé par de fors courants et chapeauté, sinon enfoui dans la brume. La traversée de 3 jours s'est faite dans le mauvais temps et par vent contraire. Après trois escales au Féroé, les équipages sont repartis, vent debout de nouveau pour les Shetland où ils sont arrivés après une éclaircie, encore dans la brume, à Lerwick, après une nouvelle traversée de 2 jours et une nuit, le 16 juillet. Enfin tout le monde retrouve, sinon le soleil (il y a toujours de la brume), du moins une température plus clémente et un rythme jour-nuit plus normal (jusqu'aux Féroé les nuits sont entièrement claires).

Depuis plusieurs jours un jeune garçon manifeste son mal-être par une attitude de plus en plus provoquante. Il n'aime ni le bateau, ni la mer et il hésite depuis plusieurs jours à rentrer. Après un accès de violence, il quittera l'expédition et rentrera en Suisse.

Quant aux équipages, ils sont repartis des Shetland et sont arrivés à Inverness au nord de l'Ecosse le 21 juillet après une traversée peu ventée. Là ils ont enfin retrouvé le beau temps et les passages des canaux Calédoniens, puis Crinan se sont effectués dans de bonnes conditions. Ils ont même pu faire une petite régate au spinnaker en traversant le lac Loch Ness. Malheureusement ils ont retrouvé le mauvais temps et du vent contraire en mer d'Irlande et ont été bloqués quelques jours à la suite d'un avis de coup de vent jusqu'au 30 juillet. Ainsi en descendant au sud de l'Irlande la navigation a été difficile par mauvais temps. Par contre après, et mettant directement le cap sur Port-la-Forêt le temps s'améliora progressivement et cette dernière traversée s'est faite dans de bonnes conditions, si bien qu'ils ont accosté à leur point de départ à côté de Concarneau le 7 août après un périple de 3 mois.

L'équipage sur "COELACANTHE" :

  • Les jeunes : Céline, Christian, Daniel, Pedro
  • Les encadrants :
  • Raymond Perrin, chef de bord et chef d'expédition
  • Maria Amato , éducatrice
  • Eric Mariétan, éducateur

L'équipage sur "LOCH MINET" :

  • Les jeunes : Sandrine, Claudinei, Dan, Raphaël
  • Les encadrants :
  • Bernard Stamm, chef de bord
  • Maryline Jaquet, éducatrice
  • Marco Mora, éducateur
  • Olivier Ecoffey, éducateur



Le programme a été tenu et l'expérience a été positive et riche en enseignements. Si les jeunes ont accumulé les expériences et de nombreuses découvertes, s'ils ont pris conscience de certaines réalités, la vie à bord est restée difficile et ils ont eu de la peine à se discipliner et à prendre leurs responsabilités pour la majorité d'entre eux. Leurs intérêts pour les curiosités locales et le tourisme ont été très réduits mais ils ont appris à lire la carte, à faire le point et à barrer.

Au retour de l'expédition, les bilans individuels des jeunes ont été écrits et les entretien de restitution organisés. Un bilan de l'expédition en mer et de son organisation, ainsi que du fonctionnement de l'association a donné lieu a un document.

Ces différentes étapes ont permis à LA BRIGANTINE de mener une réflexion sur ce type de projet éducatif qu'elle ne cesse de faire évoluer.

Dans la réalisation de cette expédition, le soutien logistique de la Maison des Jeunes et en particulier de MDJ'ump, a été très précieux.


Association LA BRIGANTINE

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